Oh, hé, pas la peine de vous la jouer "Grands Dieux non pas du tout, qualités d'écoute, relation de confiance, humanité, qualité du diagnostic", on sait très bien que ce n'est pas vrai.
Entre un médecin qui vous dit : "votre mal au bras, c'est une tendinite, ça va passer tout seul", et celui qui vous dit "ça va passer tout seul, mais par sécurité je vous prescris une échographie, et puis une crème", honnêtement, lequel vous choisissez ? Franchement, un médecin qui vous laisse partir sans ordonnance, c'est pas sérieux. Je sais très bien que vous pensez comme ça, pas la peine de vous cacher...
Cette
version du bon médecin, c'est ce que les patients pensent. Les
médecins, eux, ils savent mieux ce que c'est, un bon médecin. Ils
savent qu'un bon médecin, il n'a pas besoin de dormir, de manger, et
il n'est jamais malade. Parce que dormir, manger, et être malade,
c'est une faiblesse de patients. Nous, on est bien au-dessus de tout
ça.
C'est
pour ça qu'on arrive à être fiers de bosser 36h sans s'arrêter
(j'imagine un pilote d'avion qui fanfaronnerait sur le fait qu'il
enchaîne sa 30ième heure de travail consécutive. Est-ce qu'on
l'admirerait ?), ou de déjeuner à 16h, ou mieux encore, de ne pas
déjeuner.
De
ce point de vue là, je suis un très mauvais médecin. Si je ne dors
pas mes 8 heures par nuit (allez, disons 7h, mais c'est bien parce
que c'est vous), et que je ne mange pas toutes les 2 heures
4 heures, je suis inefficace, grognon, et dangereuse.
Par
contre, c'est vrai, je ne suis pas souvent malade. Je ne sais pas
très bien pourquoi. Contrairement à ce que les patients pensent, ce
n'est pas parce qu'on prend des super médicaments quand on commence
à être malades au lieu de laisser traîner comme les patients. Ca
n'existe pas des médicaments comme ça. Quand je suis malade,
j'attends, en essayant vaguement de tasser les symptômes. Peut être
que du coup, la maladie prend moins d'importance. Je sais comment ça
vient, et comment ça part. J'attends, et puis ça part. En soi, je
ne suis pas moins malade, mais je ressent moins la maladie, ce qui
revient peu ou prou au même.
Ne
rien faire quand on a une "petite maladie", c'est
d'ailleurs un très bon moyen de ne pas se retrouver avec une plus
grosse sur la tronche.
Prenez
le mal de dos par exemple. Si je n'étais pas médecin, je pense que
j'irais régulièrement chez le médecin parce que j'ai mal au dos
(j'ai régulièrement mal au dos, rapport au fait que je préfère
regarder des séries sur mon canapé plutôt que faire du sport,
alors que je sais que je n'ai pas mal au dos quand je fais
l'inverse).
Le
médecin, à un moment, il en aurait eu marre de me voir
régulièrement, alors pour me soigner (et parce que c'est un bon
médecin, donc il prescrit beaucoup d'examens complémentaires) il
aurait fini par me prescrire un scanner.
Et surement, je découvrirais
que j'ai des hernies discales. J'espère bien que j'ai des hernies
discales. 90% des gens en ont, alors je vois pas pourquoi moi je n'en
aurais pas. J'ai cotisé toute ma vie, moi, Madame, alors j'y ai bien
droit, à mes hernies discales.
Et
bien j'aurais l'air maligne après, avec mes hernies discales. Il ne
me resterait plus qu'à me lamenter sur mon canapé à propos de mes
hernies discales, en remplaçant les séries par la consultation
assidue des forum de Doctissimo, et je serais bien plus malade que je
ne l'étais initialement.
Pas
de bras, pas de chocolat, pas de scanner, pas de hernie.
Cependant,
ignorer les "petits bobos" est peut être une stratégie
payante, mais tout de même, de temps en temps, les médecins se
retrouvent bel et bien avec des vraies maladies sur les bras, de ces
maladies qu'on ne se souhaite vraiment pas.
Et
ça, c'est compliqué. Devenir un patient face à ses confrères
médecins, déjà, ce n'est pas si simple. Mais récemment, j'ai pris
conscience que devenir patient face à ses propres patients, là, ça
devient franchement complexe.
J'ai
remplacé pendant plusieurs mois un médecin en arrêt maladie, pour
une cochonnerie dont on guérit éventuellement, mais qui se soigne
méchamment. Un cancer, pour ne pas citer son nom.
Les
patients de ce médecin ont montré leur peine réelle face à ce qui
lui arrivait, me demandant régulièrement de lui transmettre leur
amitiés et leurs vœux de prompt rétablissement.
Mais
au-delà de ces gentilles, et je pense très sincères, paroles, j'ai
senti une fêlure.
J'ai senti dans
les regards des patients une certaine crainte. Si ça arrive même
à mon Docteur, alors rien ne
peut réellement nous épargner l'enfer, rien ne peut garantir notre
salut.
Et
puis le doute, tout de même. S'il tombe malade, ce Docteur, vraiment
malade, est-ce un bon Docteur ?
Un Docteur malade, c'est un peu un
curé adultère, un pédopsychiatre parent d'un psychopathe, le
président de Total en panne d'essence sur l'autoroute, d'une
certaine façon.
Un peu l'hôpital qui se fout de la Charité, non ?
Qu'il balaye un peu devant sa porte, le Docteur, avant de nous dire
fais pas ci, fais pas ça, patati, patata.
Finalement,
être malade, pour un Docteur, c'est perdre sa légitimité.
Un
bon Docteur, il est en bonne santé. Point.
Chouette blog, et chouette billet ! (oui j'ai rien de très constructif à dire mais c'était histoire de dire que je suis contente de l'avoir découvert !)
RépondreSupprimerTrès drôle cet article. Effectivement, à chaque fois que je vais chez le médecin, et que je vois le monde dans la salle d'attente, (et vas-y que je te tousse dessus), j'ai toujours une pensée pour mon médecin et me demande toujours : "Mais commente fait-il pour ne JAMAIS tomber malade. Bravo pour cet article très drôle en tout cas !
RépondreSupprimerQuand on a mal au dos, il vaut mieux aller voir un ostéo ou mieux, un chiro, plutôt qu'un médecin... quand on a mal au dents, on va chez les spécialiste des dents : le dentiste, non? alors mal aux muscles, aux articulations, au dos en particulier --> direction les spécialistes du dos. ^^
RépondreSupprimerMais sinon, suuuper blog, et super article.
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